Identification des marqueurs morpho-fonctionnels de la domestication appliqués à l’archéozoologie : structures corticales et morphologie externe.

Identification of morpho-functional markers of domestication for zooarchaeology : cortical thickness and bone external morphology.

Résumé

Pour visionner la soutenance du 13 janvier 2021 dans son intégralité: http://https://youtu.be/lxpMaSobuwo

La plasticité phénotypique du squelette face au stress de la domestication n’est pas connue. Il n’existe donc à ce jour aucun marqueur morphologique utilisable par les archéozoologues pour identifier des changements comportementaux à l’échelle de l’individu au stade initial de la domestication. Cette lacune est un verrou méthodologique qui nuit à la reconstitution des processus d’émergence d’une des étapes majeures de l’évolution des sociétés humaines. Les syndromes de domestication utilisés par les archéozoologues sont ceux définis par Darwin en 1868. Leur origine génétique a été mise en évidence par les expérimentations d’hyper sélection du comportement docile sur des populations de renards argentés par Dimitri Belyaev commencée en 1959. Les changements hormonaux induits par cette selection comportementale ont des conséquences pleiotropiques comme la réduction de la taille corporelle ou la rétention de caractères juvéniles à l’âge adulte (néoténie). Ces deux critères sont très utilisés par les archéozoologues. Malheureusement, ces expressions morphologiques sont les syndromes d’une domestication déjà très avancée. Ils sont donc inadéquats pour identifier les premières étapes du processus de domestication. Pour lever ce verrou méthodologique, une solution serait de s’appuyer, plutôt que sur les changements morphologiques issus de la sélection artificielle, sur la plasticité écophénotypique des ossements face aux changements de style de vie induits par la domestication (mobilité réduite, changement de régime alimentaire, stress psychogénique …). L’objectif de projet ANR DOMEXP dans lequel s’inscrit cette thèse est de s’appuyer sur la plasticité des os longs et du crâne face aux changements de leur environnement biomécanique en testant l’hypothèse selon laquelle des animaux ayant grandi dans un contexte de réduction de mobilité présentent des structures osseuses et des trajectoires ontogénétiques différentes de celles des populations sauvages. Cette hypothèse est testée par une expérimentation où deux groupes de jeunes marcassins (Sus scrofa) issus d’une même souche sauvage ont été élevés dans deux contextes de mobilité : l’un en stabulation et l’autre en libre parcours dans une ferme expérimentale construite à la réserve de la Haute Touche (MNHN). L’observation longitudinale de la croissance musculo squelettique des individus est enregistrée in vivo par scanner médical et IRM. Des observations cross-sectionnelles de populations sauvages et domestiques sont également acquises. La thèse portera donc sur l’étude des réponses plastiques et des changements de trajectoires ontogénétiques de plusieurs marqueurs ostéologiques : la surface externe des os en trois dimensions, la variabilité endostructurale de la diaphyse et l’architecture trabéculaire afin d’obtenir la meilleure ressource pour identifier une réponse plastique à la réduction de mobilité. Ces marqueurs seront adaptés pour être appliqués à des séries archéologiques issues de sites archéologiques français à la transition chronologique entre les deniers chasseurs-cueilleurs et les premiers éleveurs, très souvent fragmentés, afin de reconstituer des phénomènes de transitions dans les modes de vie au cours du processus de domestication. Nous nous attendons à des différences de variabilité des structures internes et externes de l’os au cours de la croissance avec une meilleure résolution du signal dans l’épaisseur corticale et l’architecture trabéculaire que dans les conformations des surfaces articulaires car ces structures internes ont davantage de possibilités en terme de variabilité. Si de tels signaux environnementaux peuvent être détectés sur le squelette, nous aurons de nouveaux outils méthodologiques pour identifier non seulement les premières étapes du processus de domestication mais aussi les perturbations développementales à l’origine des nouveaux phénotypes domestiques.

Direction, co-direction et tutorat : T. Cucchi.

Contact : hugo.harbers@mnhn.fr.

 

Publié le : 18/04/2019 15:03 - Mis à jour le : 02/02/2021 10:35