Responsables : Laurence Bérard et Elise Demeulenaere
L’équipe « Anthropologie et Politiques de la nature » apparaît depuis janvier 2014 dans l’organigramme de l’UMR Eco-anthropologie et ethnobiologie.
Cette équipe se place dans la continuité de la tradition de recherche en ethnobiologie développée depuis les années 1970 au Muséum national d’histoire naturelle, tout en introduisant une inflexion, qui consiste à développer un regard encore inédit (dans l’UMR du moins) sur les politiques de la nature. L’enjeu est de travailler l’articulation entre les études relevant de l’ethno-écologie, centrées sur les rapports (matériels et idéels) des sociétés ou groupes sociaux à leur milieu, et celles multiscalaires et convoquant de multiples disciplines, sur les politiques de la nature. Le terme politiques est pris au sens large, incluant ce que les anglophones distinguent par deux termes, policies et politics, c’est-à-dire les politiques publiques mais aussi l’ensemble des instruments, discours, dispositifs traduisant un horizon normatif donné et les efforts déployés par les acteurs pour sa réalisation.
Ce projet nous paraît d’autant plus actuel et important que la crise écologique contemporaine semble justifier la montée en force d’analyses de l’environnement à l’échelle globale, plaçant dans l’ombre la diversité des façons d’habiter le monde et les innovations locales auxquelles elles donnent lieu. Dans le même temps, les études des conceptions locales de l’environnement ne peuvent plus s’abstraire de l’intrusion en leur cœur, de politiques publiques, normes réglementaires, savoirs et expertises scientifiques, intervention de multiples acteurs… Or, les travaux en ethno-écologie ou anthropologie de la nature pêchent parfois par un regard insuffisamment outillé pour appréhender la complexité de ces interactions et processus, et ce alors que la globalisation les rend de plus en plus prégnants.
Le projet de cette équipe a pris forme durant l’année de réflexion qui a précédé la rédaction du projet de contractualisation de l’UMR pour la période 2014-2018. Certains chercheurs de l’UMR héritiers de la tradition de l’ethnobiologie / ethno-écologie observaient sur leurs terrains la saillance d’enjeux politiques, juridiques, réglementaires, traversant les rapports au vivant au départ étudiés : la culture technique associée aux produits de terroir en tension avec de nombreuses normes sanitaires et avec les règles de labellisation, les mouvements paysans de réappropriation des semences, en sont deux exemple emblématiques. Dans le même temps, des chercheurs venant d’autres UMR, travaillant sur des enjeux environnementaux avec des approches disciplinaires en sciences sociales variées (droit, géographie, histoire) demandaient à rejoindre l’unité. Ils avaient en commun de porter un regard sur les politiques de l’environnement (nationales et internationales), tout en affirmant leur préoccupation de ne pas faire l’impasse sur les expériences locales des milieux. De cette rencontre a émergé le projet de croiser les études sur les perceptions et appréhensions locales de l’environnement (volet « anthropologie de la nature ») avec les analyses des politiques de la nature – de leur construction (dans les arènes officielles ou dans les interstices) à leur traduction en dispositifs jusqu’à leur appropriation locale. La stratégie est de prendre appui sur une tradition d’ethno-écologie développée de longue date au Muséum, et de l’enrichir par les apports de l’anthropologie politique, du droit, de l’histoire, de la science politique, de la géographie critique de l’environnement, des études des sciences – autant de compétences qui sont représentées dans cette nouvelle équipe, à travers ses membres statutaires et ses associés. L’enjeu à terme est de développer une méthode d’enquête et un cadre d’analyse des mutations contemporaines des rapports à la nature, qui rende pleinement compte des interactions réciproques entre gouvernance de l’environnement et expériences locales des milieux. Un tel projet rejoint celui de la political ecology, approche peu développée en France, mais néanmoins source d’inspiration pour les chercheurs impliqués dans l’équipe. Par son ancrage fort dans la thématique environnementale, et l’interdisciplinarité qu’elle met en œuvre principalement au sein des sciences sociales, cette équipe s’inscrit aussi pleinement dans le courant émergent des « humanités environnementales ».
La vie scientifique de l’équipe est organisée autour d’un Séminaire Interne mensuel, qui permet de se forger une culture commune, par-delà la diversité des disciplines, des terrains ou des thèmes travaillés par chacun. Ce mode opératoire permet aussi de préparer des réponses à de futurs appels à projets, grâce auxquels nous articulerons de façon plus étroite nos approches.
Post-scriptum :
Membres
Chercheurs et enseignants-chercheurs
Belaïdi Nadia
Demeulenaere Elise
Juhé-Beaulaton Dominique
Bérard Laurence (départ à la retraite en février 2017)
Doctorants
Biville Quentin
Charonnet Emmanuel
Piersante Yvonne (échange avec l’Université de Calabre)
Spielewoy Pierre
Attachés hon./Emérites
Fournier Dominique
Lizet Bernadette
Luxereau Anne
Montigny Anie
Associés
Babou Igor
Boidron Valérie
Boukharaeva Louiza (chercheuse contractuelle)
Chartier Denis (en délégation CNRS 2013-2015)
Delavigne Anne-Hélène (chercheuse contractuelle)
Foyer Jean
Fortier Agnès
Levain Alix
Manceron Vanessa
Mariani Léo
Marloie Marcel (chercheur contractuel)
Müller Birgit
Pourchez Laurence
Anciens doctorants / Anciens post-doctorants :
Dupé Sandrine
Scapino Julie