
Christine LEFEVRE

Bâtiment d’Anatomie comparée - CP 55
55 rue Buffon
75005 Paris
France
Membre élue au Conseil d’UMR
Rédactrice de la revue Anthropozoologica
Membre des comités éditoriaux de Archaeofauna, Magallania
Directrice adjointe de la Direction générale déléguée aux collections
Directrice des collections naturalistes du MNHN
Archéologue de formation, je suis spécialisée en archéozoologie. À travers l’étude des restes osseux issus de fouilles archéologiques, mes travaux visent à contribuer à documenter l’histoire des interactions entre groupes humains, biodiversité et environnements. Le cadre de mes recherches se situe en milieux insulaires (Patagonie australe, île de Tromelin, îles Aléoutiennes) et côtiers (nord du Pérou). Les groupes humains étudiés sont des sociétés de chasseurs-collecteurs dont les pratiques traditionnelles ont perduré jusqu’à des époques très récentes de nos temps historiques ou des groupes confrontés à des situations extrêmes dans un environnement réputé hostile. Je m’intéresse plus particulièrement à la colonisation des rivages côtiers et à la place des ressources marines animales dans l’alimentation et le développement des sociétés humaines.
Membre de la Mission archéologique française de Patagonie (Ministère des Affaires étrangères/CNRS/MNHN) depuis 1982. Responsable de l’étude archéozoologique des restes aviaires.
La mission archéologique française de Patagonie explore depuis 35 ans les territoires maritimes de l’extrême sud du cône sud-américain, décryptant l’origine du peuplement et les modes de vie des occupants de cette région. L’adaptation maritime observée dans les gisements les plus anciens remonte à quelques 6000 ans et a perduré dans ses grandes lignes jusqu’à l’arrivée des Européens en 1520.
L’étude des restes aviaires de près de 50 assemblages a montré que les oiseaux constituaient un complément régulier à l’exploitation des mammifères marins, des poissons et des coquillages. Le nombre de taxons chassés est limité, il s’agit d’espèces côtières ou pélagiques, souvent grégaires, en général abondantes à proximité des sites, témoignant ainsi d’une chasse spécialisée et opportuniste.
Membre du programme « Esclaves oubliés. Naufrage de l’Utile sur l’île de Tromelin - 1761» (GRAN/INRAP/CNRS/MNHN). Co-responsable de l’étude des restes animaux.
En 1761, l’Utile, une flûte de la Compagnie française des Indes orientales, transportant des esclaves malgaches destinés à être vendus à l’île de France (l’actuelle île Maurice), fait naufrage sur Tromelin, îlot sablonneux à 450 km au nord-est de Madagascar. Le 26 septembre 1761, les membres de l’équipage regagnent Madagascar sur une embarcation de fortune, trop petite pour embarquer également les esclaves ayant survécu au naufrage. Quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, l’enseigne de vaisseau Tromelin sauvera les derniers survivants : sept femmes et un bébé de huit mois.
Tromelin représente un cas rare d’étude d’un groupe humain confronté à un environnement inhospitalier non choisi. La connaissance exacte de la durée du séjour et du nombre d’occupants de l’îlot fixe un cadre précis pour reconstituer les pratiques mises en œuvre pour la survie de ce groupe. Quatre campagnes de fouilles ont permis de retrouver les installations des naufragés et les vestiges de ces 15 ans de séjour durant lesquels les seules ressources alimentaires ont été des oiseaux de mer (sternes, noddis, fous), des tortues vertes et des poissons.
Membre du programme « L’homme andin et le désert : paléoenvironnement et exploitation des ressources naturelles sur la côte nord du Pérou » (CNRS/MNHN/Institut français d’Études andines). Responsable de l’étude archéozoologique des restes d’oiseaux et de tortues.
On connaît peu et mal l’occupation humaine préhispanique sur la côte du nord du Pérou, qui présente actuellement un environnement désertique considéré comme contraignant, voire hostile. Ce programme a pour objectif d’approfondir ce que l’on sait des relations entre l’Homme et son environnement dans ce contexte, à travers l’exploitation des ressources naturelles. Nos recherches se situent dans le désert de Séchura où l’Homme s’est installé dès l’époque Précéramique.
Les recherches menées depuis 1991 dans les îles Aléoutiennes ont permis de préciser la carte et la chronologie du peuplement humain et d’en documenter le paléoenvironnement. Une cinquantaine de sites ont fait l’objet de sondages, 250 échantillons ont été datés, indiquant une colonisation humaine de l’archipel débutant il y a 9000 ans dans les îles orientales, 3000 ans plus tard dans la partie centrale de l’archipel, puis il y a quelques 3200 ans dans les plus occidentales des îles.
Les résultats archéozoologiques ont montré une exploitation des mammifères marins variable selon les contextes, une pêche et une exploitation des coquillages omniprésentes, et une chasse aux oiseaux spécialisée sur un nombre limité de taxons.