Anaïs Marrast soutiendra sa thèse le 28 février au MNHN

Les périodes du Néolithique et de l’âge du Bronze dans le Sud-Est de la péninsule arabique sont marquées par une forte dépendance au monde marin, comme en témoignent les nombreux sites côtiers recensés sur le territoire du Sultanat d’Oman. Un total de 68 456 ossements de poissons a pu être déterminé (24,3 % de taux de détermination) dans le matériel provenant de six sites (RH-6, RH-5, HD-6, HD-5, SWY-1, RWY-1) représentant une chronologie allant du VI^ème au III^ème millénaire. La plupart appartenaient à des téléostéens et 67 familles ont pu être identifiées.

Si les amas coquilliers néolithiques de RH-6 et de RH-5 s’illustrent par une importante présence des pélagiques (Scombridae et Carangidae), ils témoignent aussi d’une forte exploitation de l’environnement de la mangrove de Qurum au bord de laquelle ils sont implantés. La pêche dans ce milieu est marquée par la présence de nombreux ossements de juvéniles, de petites sardines et de sélars coulissous (Clupeidae et Selar crumenophthalmus). Les sites du littoral de la mer d’Arabie présentent des spectres fauniques tournés vers une exploitation préférentielle des milieux de lagunes et mangroves, illustrée par la présence de requins côtiers (Carcharhinidae) et de poissons-chats marins (Ariidae) à SWY-1, et par celle de petits mulets (Mugilidae), de sardines (Clupeidae) et de petits pagres et empereurs (Sparoidea) à RWY-1. Quant au site HD-5, s’il s’illustre par une prédominance de pélagiques (Scombridae), la présence de poissons récifaux représentatifs des fonds rocheux avoisinants, comme les poissons-perroquets (Scaridae), est à faire remarquer. De cette manière, tous les sites néolithiques que nous avons pu étudier témoignent d’une bonne représentation du monde pélagique et des différents milieux les entourant. De « grandes transformations » s’opèrent lors du passage à l’âge du Bronze (culture Hafit), et plusieurs innovations technologiques vont marquer ces populations, comme la métallurgie, qui permet de remplacer les hameçons en nacre par des hameçons en bronze, plus solides. Ainsi, le site de HD-6 est marqué par une écrasante exploitation des pélagiques (Scombridae)où les thons (Thunnus tonggol, T. albacares) viendront progressivement remplacer les thonines communes (Euthynnus affinis) avec le temps, témoignant de l’amélioration des techniques de pêche aux pélagiques et d’une meilleure gestion des produits de la pêche.

Si la forte diversité de l’ichtyofaune présente sur ces sites indique l’utilisation de différentes techniques et stratégies de pêche (hameçons et filets, pêche individuelle ou collective), elle reflète aussi la diversité des milieux exploités. Quant à leur occupation, ces sites sont susceptibles d’avoir accueilli des pêcheurs tout au long de l’année, qui ont pu effectuer une exploitation séquentielle des différents milieux.