26 au 28 novembre 2025 - Appel à Communication
Le fait religieux
à l’épreuve de l’archéologie
Religions – Cultures - Identités
Colloque – débat, 26 au 28 novembre 2025
Musée de l’Homme, Paris (France)
Appel à communications
Le rapport au sacré est universel, apparu sans doute très tôt dans l’histoire de l’humanité. Les sciences humaines se consacrent depuis toujours à cette question, qui entre en résonance avec les problématiques sociétales, quelle que soit l’époque. Aborder le phénomène religieux sous l’angle scientifique,c’est aborder la pensée symbolique à travers des témoins situés hors du champ strict des conceptions et des pratiques. Mais quel sens donner au fait religieux dans l’espace et dans le temps, sur des territoires et des environnements variés, des humanités et des sociétés différentes ? Dans quelles mesure les traces observables (l’art pariétal pour ne prendre qu’un exemple) relèvent-elles d’une éventuelle « spiritualité » ou d’une volonté de s’attirer les faveurs d’une entité supérieure et immatérielle, et laquelle ? Quelle est la valeur symbolique de ces faits et quelle définition donner alors du « sacré » en particulier pour les périodes anciennes ? Ces questionnements seront au cœur du colloque international et interdisciplinaire « Le fait religieux à l’épreuve de l’archéologie. Religions, Cultures, Identités » que nous organisons du 26 au 28 novembre 2025 au Musée de l’Homme, à Paris (France).
L’observation de l’acte, éphémère par essence, relève de l’anthropologue, de l’ethnologue ou du sociologue, alors que le rapport à la source textuelle relève de l’historien. L’ethnologie, dès ses débuts, dans son approche historique, s’intéressait avant tout à l’origine et à la nature des religions en les situant dans le champ de la pensée collective. En s’orientant différemment, l’anthropologie sociale s’est préoccupée des faits religieux en les plaçant au cœur de l’histoire des individus comme dans l’ensemble des relations sociales, en contexte, par le questionnement de la structure. C’est le domaine de la religion au sens large, englobant les croyances, les mythes, les spiritualités, les actes et celui de la pensée symbolique qui implique une pratique sociale codifiée (les rites) dont le but est de susciter une intervention divine sous une forme ou une autre.
Le regard porté par l’archéologie sur le fait religieux est resté plus discret. Dans le cadre historique, elle vient en appui des autres sources documentaires. Pour les périodes précédant l’histoire, en l’absence de témoignages directs ou de sources écrites, l’interprétation tient une plus large place. L’archéologue, qui construit sa recherche sur des données, des vestiges et des traces matérielles, n’est pas en réelle capacité de démontrer l’existence d’actes relevant du « religieux » ou d’une « religion », tout au plus peut-il réfléchir sur la base de la mise en série des témoignages matériels et de la longue durée des pratiques.
L’objectif de ce colloque est de croiser les disciplines afin d’appréhender à la fois la dimension matérielle et conceptuelle (donc symbolique, et les sources, textes et images ou architectures, en sont une expression) du fait religieux dans sa profondeur de temps : comment les faits (au sens large : espaces, structures, mobilier, symboles…) éclairent-ils la question du fait religieux à travers le temps et l’histoire et comment le propos sur son archéologie peut en retour éclairer les questions actuelles ? Apprécier les continuités et les héritages, comme les discontinuités du fait religieux et de sa place dans la vie des sociétés, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, comme de ses mutations culturelles ou de la présence polymorphe du sacré et de ses référentiels, hier comme aujourd’hui, sont d’autres enjeux majeurs de la recherche scientifique que nous souhaitons aborder à cette occasion.
La question de « la définition », « des définitions », permettra d’ouvrir ce colloque par le questionnement transdisciplinaire sur les mots, les concepts, les statuts, en lien avec l’archéologie. La question des sources, du sens et de l’évolution et variation de ces différentes valeurs au cours du temps sera également ouverte.
Le colloque est organisé en 4 sessions dédiées à un thème précis. Chaque session fera alterner conférences, communications, débats.
Session 1 : Identifier le fait religieux. si les religions comme systèmes de croyances échappent largement à l’étude scientifique, elles se traduisent par des manifestations concrètes. Quels sont les témoignages qui permettent d’identifier un objet ou un site comme religieux ? Dans un domaine où se croisent bien des contingences, à l’image du monde funéraire, comment cerner spécifiquement le fait religieux ? Des témoignages inhabituels, l’ordonnancement des artefacts ou des gestes dont la finalité pratique interroge, peuvent suggérer l’interprétation religieuse dans bien des contextes : artisanaux, portuaires, commerciaux, domestiques ou autres. Jusqu’à ce jour, images, inscriptions, instruments, offrandes ont surtout permis de déterminer le fait religieux dans des sites dédiés.
Session 2 : Le fait religieux à travers l’espace : paysages, sanctuaires et lieux de culte. Le rapport au sacré est un phénomène universel, apparu sans doute très tôt dans l’histoire de l’humanité. Aborder cette question en archéologie, c’est aborder en partie la pensée symbolique à travers les lieux qui lui sont consacrés. Des croyances et des pratiques y sont associées ; l’archéologie en relève les témoins et peut dans certains cas proposer des modèles liés à des cultes ou croyances spécifiques. Que révèle l’archéologie que ne disent pas les sources classiques ? On retiendra aussi, ce qui en découle, la notion de « paysage religieux ». La juxtaposition ou superposition d’usages sacrés et profanes dans les mêmes espaces peut également être questionnée (grottes, salles, espaces ouverts, etc.)
Session 3 : Le fait religieux à travers ses représentations, pratiques et rituels. Tandis que les sources écrites apportent des témoignages explicites, les représentations, les pratiques et les rituels sont plus difficiles à caractériser et interpréter. Comment les identifier, comment leur reconnaître une dimension symbolique ? Des témoignages différents renvoient-ils à un paradigme religieux différent ? L’archéologie peut-elle espérer atteindre le religieux et quelque chose des représentations imaginaires qui le structurent à travers les pratiques, notamment funéraires, seules susceptibles de laisser des traces matérielles ? Qu’est-ce alors qu’un comportement symbolique religieux ?
Session 4 : Le fait religieux et identités. La diversité des croyances et l’adhésion des individus forgent des identités. Des choix spécifiques de pratiques ou de symboles permettent à des groupes de se démarquer ou, à l’inverse, de se rapprocher. Pour autant, si croire à autre chose que le voisin constitue sans nul doute une identité différente, la manière d’envisager le lien à cette croyance — les rites, les lieux, les symboles— est également matière à forger des identités. Une modification des rites et des symboles signe-t-elle un changement de croyances et partant, d’identités ? Offrandes, inscriptions et autres objets découverts dans certains lieux suggèrent-ils l’existence d’espaces genrés ou fortement connotés du point de vue de l’échelle sociale ?
L’appel à communication est lancé pour toutes les sessions. Les communications, de 20 mn maximum, en français ou en anglais, devront s’inscrire dans l’une des sessions énumérées et cibler nécessairement au moins l’une des questions soulevées dans les argumentaires. Vos propositions de communication sont attendues pour le 30 mai 2025 dernière limite avec titre, mots clefs (5 maximum) et résumé (1 500 signes max. espaces comprises) et à envoyer à l’adresse suivante : ColloqueFaitReligieux@proton.me. Merci d’indiquer la session choisie dans l’objet de votre mail.
Ce colloque est organisé dans le cadre de la programmation culturelle et scientifique du musée de l’Homme, sous l’égide du Museum national d’Histoire naturelle (MNHN), Département « Homme et Environnement » en association avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et l’Institut Catholique de Paris (ICP). A ce jour, il bénéficie également du soutien financier de l’UMR 7206 Eco-Anthropologie et de l’UMR 7209 BioArch du CNRS-INEE ; de l’UMR 7041 ArScAN du CNRS-SHS et de l’École Universitaire de Recherche Archaeological Challenges (EUR ArChal) / ANR /université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Le Comité d’organisation
- AVERBOUH Aline, Chercheuse CRHC CNRS, UMR 7209 BIOARCH, MNHN Paris, France. Archéologue, spécialiste des productions en matières dures d’origine animale des sociétés préhistoriques.
BLIN Olivier, Ingénieur de recherche INRAP, Chargé de la coordination de la recherche, Direction scientifique et technique Inrap, Paris, France. Archéologue, spécialiste de la Gaule romaine.
BESSON Claire, Conservatrice du patrimoine en chef, Ministère de la Culture, DRAC île-de-France, Service régional de l’archéologie, Paris, France. Archéologue, spécialiste de l’archéologie urbaine de l’Antiquité.
CHAMBON Philippe, Chercheur DR CNRS, UMR 7206 Eco-Anthropologie, MNHN, Paris, France. Archéologue préhistorien, spécialiste des pratiques funéraires néolithiques.
CRIBELLIER Christian, Directeur adjoint Sous-direction de l’Archéologie, Ministère de la Culture, Paris, France. Archéologue, spécialiste des agglomérations antiques et médiévales.
JAEGGI Sandra, Maîtresse de conférence en Histoire, Institut Catholique de Paris, spécialiste de l’enfance et des dépôts à vocation thérapeutique en contexte funéraire et cultuel.
Comité scientifique :
COULANGEON Cécile, Professeure durante munere en Histoire de l’Art et Archéologie, Institut Catholique de Paris, Doyenne de la Faculté des Lettres, spécialiste de l’architecture, notamment religieuse (X-XII), du Moyen Âge.
CHEVRIER Marie-Hélène, Maîtresse de Conférences en Géographie, Institut Catholique de Paris, France. Spécialiste de l’étude spatiale du fait religieux.
EBNOETHER Christa, Professeure d’Archéologie romaine, Université de Berne, Suisse. Spécialiste des cultes.
GUEDON Marie-Françoise, Professeure d’anthropologie, Université d’Ottawa, Canada. Spécialiste des religions des indiens Nord Amérique.
MECQUENEM (de) Claude, Ingénieur de recherche INRAP, UMR 8584 Nouvelle Gallia Judaica, France. Archéologue, spécialiste du bâti religieux médiéval en Europe,
REDARD Céline, Maître de conférences en Histoire des religions, Directrice de l’Institut d’histoire des religions, Faculté des Sciences historiques, Université de Strasbourg, France. Spécialiste des religions iraniennes anciennes.
RIQUIER Sandrine, Responsable de recherches archéologiques INRAP, UMR 7324 CiTeres, France. Archéologue céramologue, spécialiste des pratiques funéraires 2e âge du Fer et Antiquité,
THOMAS Julian, Professeur d’Archéologie, University of Manchester, Vice-président du Royal Anthropological Institut, Grande Bretagne. Spécialiste du Néolithique et de l’âge du bronze de la Grande-Bretagne et du nord-ouest de l’Europe.