Financement : MITI du CNRS et l'ANR CASIMODO.
Cette thèse s'inscrit au sein du chantier scientifique de Notre-Dame de Paris, sous la tutelle du CNRS et du Ministère de la Culture.
Directrice de thèse : Valérie Daux, Laboratoire des Sciences du Climat et de l′Environnement/IPSL, UMR CEA/CNRS 1572, L′Orme des Merisiers, Bât. 701, CEA Saclay, Gif/Yvette Cedex 91191, France
Co-directrice de thèse : Alexa Dufraisse, UMR 7209 – AASPE, CNRS/MNHN, CP56, 55 rue Buffon, Paris 75 005, France
Co-encadrants de thèse : Frédéric Delarue, Thanh-Thuy Nguyen Tu, Sorbonne Université, CNRS, EPHE, PSL, UMR 7619 METIS, 4 place Jussieu, Paris 75005, France
Une meilleure connaissance de la variabilité temporelle et spatiale du climat mondial passé est nécessaire pour mieux anticiper les impacts possibles du changement climatique futur, en particulier sur les périodes de temps qui ne sont pas couvertes par des observations instrumentales (stations météorologiques notamment) et à l'échelle régionale qui est celle ou les changements et les extrêmes sont de plus grande amplitude. Nous aimerions contribuer à une meilleure connaissance du climat passé dans la partie nord de la France, en effectuant une nouvelle reconstruction de la température et de l'humidité estivales à partir des compositions isotopiques de l'oxygène et du carbone (d18O et d13C) d'une séquence de cernes d'arbres couvrant 300 ans dans les bois de Notre-Dame. Les arbres qui ont produit ces bois ont poussé entre le 10e et le 13e siècle, c'est-à-dire pendant la période dite de « l'Anomalie Climatique Médiévale' (ACM ; ∼900-1350 AD ; Lamb, 1965 ; Hughes et Diaz, 1994 ; Bradley et al. 2003 ; Graham et al. 2011), l'une des deux périodes les plus importantes du changement climatique récent qui a eu un impact sur les sociétés, en particulier en Europe (Lamb, 1982 ; Ladurie, 1971 ; Pfister et Brazdil, 2006). Des données indirectes, telles que les sources textuelles, indiquent des conditions chaudes dans cette partie du monde au cours du Moyen-Age. Pour autant l'embellie climatique n'a pas été continue, ni synchrone dans l'espace. En particulier, plusieurs enregistrements indiquent des conditions froides entre 1050 et 1150 après J.-C. (par exemple, Büntgen et al., 2006 ; Grudd, 2008 ; Corona et al., 2010) avec des températures similaires à celles observées plus tard, pendant la période dit du Petit âge glaciaire (environ entre 1400 et 1850). L'Europe est une région du monde pour laquelle un grand nombre de données sont disponibles pour le dernier millénaire (par exemple, Charman, 2010 ; Guiot et al., 2010). Il n'est donc pas surprenant qu'elle soit aussi celle où l'ACM est la mieux définie dans l'espace et dans le temps. Cependant, même en Europe, les reconstructions du climat de l'ACM ne sont pas réparties de manière égale. En effet, la densité des enregistrements est particulièrement importante dans les Alpes (par exemple, Büntgen et al., 2006 ; Corona et al., 2010) et en Fennoscandie (par exemple, Briffa et al., 1992 ; Seppa et al., 2009 ; Gunnarson et al., 2010). Certains enregistrements existent également dans d'autres zones montagneuses européennes, mais on en sait beaucoup moins sur l'ACM à basse altitude. A notre connaissance, il n'existe pas de reconstruction disponible pour le nord de la France. De nouvelles séries de données, datées à l'année près, telles que les chronologies isotopiques de la chênaie de Notre-Dame, auraient un grand intérêt pour les études des changements climatiques et environnementaux locaux et régionaux, et pourraient être intégrées dans des compilations cartographiées de reconstructions climatiques pour fournir des 'repères' cruciaux des états climatiques passés. Elle permettrait également de placer la croissance des chênes et de la construction de la cathédrale de Notre-Dame dans un contexte environnemental.