Juliette Milon, UMR AASPE, soutiendra sa thèse, intitulée : « Agrobiodiversité du territoire de Mouweis (Soudan central), ville méroïtique du 3ème siècle avant J.‐C. au 4ème siècle après J.‐C. et l’essor de la culture du Cotonnier ».

Juliette Milon, UMR AASPE, soutiendra sa thèse, intitulée : « Agrobiodiversité du territoire de Mouweis (Soudan central), ville méroïtique du 3ème
siècle avant J.‐C. au 4ème siècle après J.‐C. et l’essor de la culture du Cotonnier ».

La soutenance se déroulera le 2 février 2023 à l’Institut de Paléontologie Humaine (IPH, 1 Rue René Panhard, 75013 Paris dans l’amphithéâtre) à partir de 14h, devant un jury composé de :


‐ M. Terral Jean‐Frédéric, Professeur à l’Université de Montpellier II, UMR 5554 ISEM, rapporteur
‐ M. Fuller Dorian, Professeur à l’University College of London, rapporteur
‐ Mme. Dieudonné‐Glad Nadine, Professeure à l’Université de Poitiers, UR 15071 HERMA, examinatrice
‐ Mme Millet Marie, Archéologue au Musée du Louvre à Paris, examinatrice
‐ Mme Ruas Marie‐Pierre, Directrice de recherches CNRS, UMR 7209 AASPE, directrice de thèse
‐ Mme Bouchaud Charlène, Chargée de recherches CNRS, UMR 7209 AASPE, co‐directrice de thèse
‐ M. Cucchi Thomas, Chargé de recherches CNRS, UMR 7209 AASPE, tuteur scientifique de thèse

Il sera possible de suivre la soutenance en visio. Un lien sera envoyé par la suite.

Résumé

À partir de la fin du 1 er millénaire avant J.‐C., les systèmes agraires antiques du nord‐est africain et d’Arabie sont marqués par l’acclimatation de nouvelles plantes annuelles et pérennes, communément appelées « cultures d’été », comme le Cotonnier (Gossypium sp.) de chaque côté de la mer Rouge, ou le Sorgho (Sorghum bicolor) et le Mil à chandelle (Cenchrus americanus) au Soudan et en Égypte. Ces cultures sont originaires des régions sub‐tropicales et tropicales africaines ou indiennes, dont la croissance, généralement rapide, demande des températures et un taux d’ensoleillement élevés et un apport substantiel en eau.

Ce travail examine les dynamiques d’acclimatation de ces plantes au sein des systèmes agraires
à l’aide d’une approche archéobotanique en deux volets incluant analyses carpologique et
morphométrique.
Les campagnes de fouilles réalisées entre 2007 et 2017 par le musée du Louvre sur le site
méroïtique de Mouweis (Région de Shendi, Soudan) ont livré 154 684 restes carpologiques carbonisés
(graines et fruits). L’étude porte sur un total de 26 816 de ces restes. Mouweis, riverain du Nil, situé au
Soudan central est typique des établissements urbains. Il présente une chronologie continue
permettant d’appréhender les pratiques alimentaires et agricoles des populations de la période
méroïtique (3 ème siècle avant J.‐C. – 4ème siècle après J.‐C.). Les analyses d’assemblages carpologiques
et la détermination taxonomique des carporestes attestent 69 taxons. La gamme des onze plantes
cultivées comprend quatre céréales, trois légumineuses, une plante technique et trois fruitiers. Les
céréales prédominent avec le Sorgho (Sorghum bicolor), le Mil à chandelle (Cenchrus americanus) et
l’Orge vêtue (Hordeum vulgare), témoins de l’alternance de cultures saisonnières entre cultures
d’hiver et cultures d’été au rythme des crues du Nil. Le rôle des seize taxons de Panicoideae de petite
taille identifiées (Setaria sp., Brachiaria sp., Panicum sp…) est discuté. Les 36 taxons sauvages identifiés
contribuent à la connaissance des paysages à l’époque de l’occupation du site.
La présence de graines de Cotonnier (Gossypium sp.) dans les assemblages carpologiques, en
particulier durant les 2 ème
‐4 ème siècles après J.‐C., fait écho aux découvertes de cette plante textile sur

d’autres sites contemporains en Afrique du nord et en Arabie. L’ensemble témoigne d’un essor global de la culture du Cotonnier durant l’Antiquité pouvant impliquer au moins deux des quatre espèces domestiquées dans des régions tropicales et sub‐tropicales, Gossypium herbaceum en Afrique et G. arboreum dans le sous‐continent indien. La compréhension des dynamiques de diffusion de la culture du Cotonnier est cependant limitée par le fait que les espèces ne peuvent être identifiées à partir des méthodes d’observation morphologique et anatomique classiques. Des analyses morphométriques (traditionnelles et géométriques en 2D) ont donc été réalisées sur des graines de Cotonnier incluant un référentiel moderne de graines fraîches et carbonisées expérimentalement des quatre espèces domestiquées (deux diploïdes, G. herbaceum, G. arboreum et deux tétraploïdes, G. hirsutum et G. barbadense) et un corpus archéologique de graines provenant de dix sites en Afrique, Arabie et dans le sous‐continent indien. Les résultats obtenus sur le référentiel moderne montrent que les espèces
diploïdes se distinguent nettement des espèces tétraploïdes par des mesures linéaires et par l’analyse de la forme. Cette dernière donne les résultats les plus significatifs de distinction spécifique. La carbonisation impacte la taille et la forme des graines et la capacité à distinguer les graines à l’espèce.
Enfin, les analyses morphométriques suggèrent des pistes de distinctions des graines archéologiques entre les deux espèces africaine et indienne. Une des perspectives de recherches visera à décrire plus précisément les morphotypes archéologiques.

Publié le : 19/01/2023 10:20 - Mis à jour le : 19/01/2023 10:20